Un Valais à droite, mais un peu moins

Posted on 7 avril 2017

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Nous avons vu, non sans mal, la fin de cette campagne électorale cantonale 2017. Enfin presque… Je dirai quelques mots tout à l’heure de ceux qui souhaiteraient la prolonger encore un peu…

La non-réélection d’Oskar Freysinger signifie que notre canton de droite sera un peu moins à droite ! Mais pour le reste, peu de choses ont changé.

Au Grand-Conseil, qui est tout de même l’institution la plus importante car elle vote les lois et le budget, le rapport de forces est resté le même. La droite occupe encore 104 sièges. Le PDC et le PLR sont légèrement affaiblis, l’UDC légèrement renforcée (ce qui empêche de conclure que le départ d’O.F. du gouvernement traduit le déclin de cette mouvance). Cela ne porte pas à conséquence. Le renforcement de la gauche est une bonne nouvelle, mais il n’est pas suffisant pour renverser la vapeur. La gauche peut respirer: elle pouvait craindre que la division en deux camps rivaux lui nuise, mais la progression de 6 sièges verts et le maintien des 18 sièges Alliance de Gauche donnent raison au pari audacieux des écologistes. Souhaitons que les deux forces de la gauche collaborent constamment et efficacement. Au final, le Grand Conseil va connaître, comme durant la législature précédente, une majorité de droite libérale, face à laquelle la gauche, seule ou avec quelques renforts, pourra quelquefois résister un peu, mais sans pouvoir jamais vraiment l’emporter.

Pour le Conseil d’Etat, il n’y a pas grand-chose à dire de la mise sur la touche d’O.F., sinon qu’on peut s’en réjouir: il est heureux que les Valaisans n’aient plus voulu parmi leurs gouvernants d’un ultraconservateur aux positions xénophobes et islamophobes claironnées dans toute l’Europe. L’UDC, et plus encore dirigée par O.F., est dangereuse car elle dresse les habitants du pays les uns contre les autres et ne fait rien pour établir un contexte apaisé qui il est vrai supprimerait la principale cause de ses succès (on ne scie pas la branche sur laquelle on est assis !). Il faut cependant souhaiter que le renvoi d’O.F. ait porté non seulement sur le style, mais aussi sur le fond. Pour le reste, le PDC a obtenu ce qu’il voulait: un gouvernement de centre droit (ou de droite libérale) de 3 PDC et 1 PLR, tolérant seulement la représentante de la gauche la plus consensuelle. Stéphane Rossini, avec ses compétences, son expérience, sa réputation, mais aussi sa combativité, aurait beaucoup apporté au gouvernement, mais, trop incisif, trop profilé, il a été écarté: les bourgeois respirent ! Ce qui est frappant, c’est la différence entre un premier tour où les consignes des partis étaient moins claires, et un deuxième tour où les partis, PDC en tête, sont intervenus. Au premier tour, il semble que les citoyen-ne-s laissé-e-s à eux-elles-mêmes aient accepté l’idée d’un gouvernement de centre-gauche, en laissant loin derrière les candidats PLR. Au deuxième tour, les mots d’ordre des partis, et particulièrement du PDC, ont conduit à recaler un des socialistes et à propulser au sommet un radical peu connu. Cela laisse songeur quant au rôle des partis dans le fonctionnement démocratique quand ils sont écoutés par les électeurs. On rêve d’une démocratie libérée des partis, comme la préconisaient Rousseau et le général de Gaulle. En effet quand les citoyens recherchent par eux-mêmes l’intérêt général, ils ne réagissent pas de la même manière que lorsqu’ils sont guidés par des partis, sorte de confréries fondées dans le but de défendre certains intérêts qui ne sont de loin pas toujours ceux des électeurs (combien de salariés, par tradition familiale, élisent des PLR qui n’ont que l’intérêt des patrons en tête !). Mais tant que par exemple les plus aisés créent de puissantes confréries efficaces pour protéger leurs biens, il sera nécessaire que les gens plus modestes créent leurs propres confréries pour améliorer leur situation. Si pour l’heure il faut faire avec, un jour viendra peut-être où la société ne sera plus l’arène libérale où la lutte acharnée entre les divers intérêts est reflétée par des partis, et on ne pourra alors que s’en féliciter !

L’après-scrutin connaît deux péripéties. D’abord la suspension de Jean-Marie Bornet de son poste à la police. Elle est surprenante et pose des questions. On lui reprocherait d’avoir pris position contre certaines lois alors qu’il est en charge de les faire appliquer. Ce qui est en jeu ici, c’est la distinction entre la liberté d’expression du citoyen et le devoir de réserve du fonctionnaire. S’il est interdit à un fonctionnaire en congé de défendre en tant que candidat un programme politique critique, alors il n’y a pas de sens à sa participation aux élections. C’est auparavant que le Conseil d’Etat aurait dû lui indiquer que s’il voulait contester certaines lois en vertu de son programme, il devait renoncer à son poste de fonctionnaire. Du moment qu’apparemment rien ne lui a été spécifié, il avait le droit le plus strict, en tant que candidat, d’avancer ses propres propositions. Il serait absurde de réduire le droit de proposition d’un candidat issu de la fonction publique à la seule défense des positions de son employeur !

Ensuite on assiste à la tentative des perdants ultraconservateurs de remettre en cause les résultats en invoquant des fraudes, avec comme par hasard des accusations xénophobes. Il me semble qu’il ne doit pas être rare que de petites irrégularités, souvent involontaires et sans conséquence, entachent nos élections malgré l’honnêteté globale des procédures. C’est pourtant l’UDC qui, la première dans notre région, soulève une tempête qui nous donne l’impression d’être dans un pays du Caucase ou dans une dictature africaine. Notons qu’on ignore totalement, si tricheries il y a eu, en faveur de qui elles ont été commises, et qu’on ne le saura jamais. Puisqu’on a découvert des anomalies, dont on essaie visiblement de gonfler l’importance, il faut qu’on fasse la lumière sur elles. Mais on souhaite que cette affaire se termine rapidement par un classement. En tout cas, on peut ajouter un nouvel élément à la longue liste des qualités de la très démocratique UDC: elle célèbre la démocratie surtout quand elle lui permet de gagner !

Décidément, en 2017, tout aura été différent. Sauf une chose: l’enracinement du Valais bien à droite. Pour passer plus loin: il faudra encore attendre !

Celui dont la droite n’a pas voulu, et qu’on regrette


https://www.sp-ps.ch/fr/person/stephane-rossini

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